Maîtriser, modifier, étudier les propriétés d’une interface sont souvent la clé dans de nombreux problèmes technologiques, que ce soit en rapport avec le stockage ou production de l’énergie, les sciences analytiques, l’électrocatalyse… S’il existe aujourd’hui de très nombreuses méthodes pour fonctionnaliser ou caractériser la surface d’un matériau, l’électrochimie, par sa nature interfaciale, joue un rôle majeur dans ces travaux. Ces dix dernières années ont ainsi vu le développement simultané d’approches fondées sur l’électro-greffage pour ce qui est de modifier la surface d’un matériau et de techniques électrochimiques localisées, comme la microscopie électrochimique à balayage (SECM), en ce qui concerne la caractérisation de ces modifications.
Dans cet exposé, ces approches analytiques et leurs principes sont présentés en s’appuyant sur des exemples qui concernent notamment la fonctionnalisation des interfaces de carbone par électro-greffage, tout en précisant les avantages et difficultés par rapport à d’autres techniques classiques. Les réactions d’électro-greffage impliquent généralement la production électrochimique d’un intermédiaire hautement réactif à partir d’un précurseur électro-actif qui va réagir avec la surface. Les avantages sont à la fois une fixation robuste sur une large gamme de matériaux, notamment le carbone avec la simplicité de la préparation de précurseurs peu coûteux tels les sels d’aryldiazonium. La microscopie électrochimique fournit quant à elle une véritable vision chimique et dynamique de la surface modifiée, car l’interface est vue au travers de l’interaction entre une molécule redox produite à une microélectrode et l’échantillon à étudier.