En observant le souffleur de verre nous réalisons à quel point sa matière, travaillée à la flamme, sans régulation de température et sans moule, est particulière : la silice amorphe, l’archétype de verre, passe d’un état liquide à un état solide de façon très progressive. Tous les composés organiques sans exception présentent, au contraire, au voisinage de la transition vitreuse, une viscosité qui diminue brusquement avec la température. De plus la silice est insoluble. Peut-on concevoir un matériau organique qui se comporte comme la silice amorphe ? Nous avons imaginé une transition vitreuse par le figeage de la topologie d’un réseau moléculaire et introduit les vitrimères, des réseaux moléculaires capables par des réactions d’échanges de se réorganiser sans changement du nombre des liens. Les vitrimères constituent une nouvelle classe de matériaux polymères : ils sont insolubles comme les résines thermodurcissables ou caoutchouc, mais malléables à chaud comme des thermoplastiques. Ces propriétés exceptionnelles dans le monde des matériaux semblent offrir de nombreuses perspectives industrielles dans des secteurs aussi divers que l’électronique, l’automobile, la construction ou l’aéronautique … d’autant plus que des nouvelles réactions d’échanges permettent utiliser des ingrédients et les procédés de mise en œuvre largement présents dans ces industries.
11:00 à 12:00
Séminaire
Vitrimères, une nouvelle classe de matériaux organiques
Ludwik Leibler