Alors que la France n’a pas achevé de panser les plaies infligées par la Première Guerre mondiale au nord et à l’est, les campagnes de bombardements des Allemands, en 1940, et des Alliés, entre 1944 et 1945, ravagent une grande partie du territoire. En dépit des différences politiques, une incontestable continuité se fait jour entre l’action du régime de Vichy et celle de la quatrième République, notamment pour ce qui est de l’intervention de l’État. Les appareils ministériels prennent en main non seulement l’étude des plans d’aménagement, mais aussi celle des procédés techniques, encourageant la normalisation.
Le programme énoncé par Pétain d’une France retrouvant ses racines rurales trouve assurément son prolongement dans l’architecture, où le traditionalisme et le régionalisme triomphent, malgré la résistance de plusieurs groupes de jeunes modernes. Dès 1944, les programmes du puissant ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme s’ouvrent franchement aux modernes comme Le Corbusier, André Lurçat ou Marcel Lods, tandis qu’Auguste Perret domine tout autant la scène de l’après-guerre que celle de l’Occupation.
En dépit de la similitude des procédures mises en œuvre, les résultats tangibles se révèlent fort différents, qu’il s’agisse des principes définissant les compositions urbaines ou du visage concret des édifices réalisés, des immeubles habillés de granit de Saint-Malo aux formes fluides importées du Brésil qui caractérisent le nouveau Royan. Auréolée du prestige que lui vaut la libération de la France, et diffusée par les publications et les expositions, l’architecture américaine devient une des sources privilégiées des démarches de l’après-guerre.