17:00 à 18:00
Conférencier invité

La prétendue colonisation de la grande Grèce : l'exploitation du monde méditerranéen et de la mer noire comme espaces économiques et de communication. Prémices et débuts.

Ortwin Dally
Salle 2, Site Marcelin Berthelot
En libre accès, dans la limite des places disponibles
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La colonisation de la Grande Grèce (deuxième moitié du VIIIe siècle/milieu du Ve siècle av. J.-C.) fut l’une des grandes étapes de l’histoire grecque, nombre d’implantations grecques étant pour la première fois créées à grande échelle sur les côtes de la Méditerranée et de la mer Noire. L’éventail de ces implantations, réalisées par des Grecs venus de la métropole, des îles égéennes et d’Asie mineure, allait de simples comptoirs commerciaux à des cités bâties sur un plan orthogonal. En s’installant dans ces nouveaux espaces, les Grecs étaient confrontés à diverses populations autochtones, qui furent fortement influencées par la pensée et les coutumes grecques, mais qui marquèrent aussi à différents degrés la vie quotidienne les contacts et les coutumes des Grecs émigrés, mais aussi des Grecs restés en métropole, en Asie mineure et en mer Égée. On ne saurait abstraire ce mouvement de colonisation des développements qui se déroulaient dans la métropole où la civilisation palatiale mycénienne avec un modèle économique centralisé s’était effondrée au XIIe siècle av. J.-C. À la même époque, selon des sources provenant de l’Égypte antique, le Proche-Orient était assailli par les Peuples de la mer et le royaume hittite disparaissait en Asie Mineure. Cette mutation a très vraisemblablement eu un immense impact en Grèce et dans les îles de la mer Égée. La connaissance de l’écriture disparut. Les chercheurs ont de bonnes raisons de penser qu’il y eut également un recul sensible de la population et une décentralisation des habitats et des implantations. Néanmoins, après la disparition de la civilisation palatiale mycénienne, cette époque a été marquée en Grèce par des formes très différentes d’occupation du territoire qui se présentaient de manière extrêmement différenciée selon les régions. Dans certaines régions comme l’Attique, on constate des continuités entre la fin de l’âge du bronze et le début de l’âge du fer, au delà du tournant du IIe au Ier millénaire av. J.-C., alors que l’on observe une forte discontinuité en Messénie et dans d’autres régions. Cela vaut aussi pour les lieux sacrés. Dans ce domaine, la recherche a clairement mis en évidence au cours des dernières années une véritable continuité du culte entre la fin de l’âge du bronze et le début de l’âge du fer dans des sanctuaires situés à Kalapodi, alors que, dans d’autres lieux de culte situés à Olympie, les activités cultuelles ne commencent qu’au delà du tournant du IIe au Ier millénaire av. J.-C. Il faut comprendre que tout ceci exprime une évolution localement très différenciée, mais qui servit néanmoins d’humus à la genèse de la polis. Ce terme décrit des cités-États qui, en raison d’une géographie découpée par de hautes chaînes montagneuses, se formèrent dans des lieux très divers, en supplantant la dernière civilisation palatiale mycénienne de l’âge du bronze.