Les deux dernières leçons ont permis de revenir sur un monument bien connu dans l’égyptologie depuis plus de cent vingt ans : le sarcophage de Panéhemisé à Vienne. Après un aperçu du contenu du monument, on a proposé un essai d’interprétation de certaines de ses parties.
La datation du sarcophage n’est pas assurée, mais le situer au début de l’époque lagide paraît le plus probable. Panéhemisé était prophète d’Amon-Rê et de divers numina d’une localité appelée Chénâ. Ce toponyme est à localiser à Naucratis ou dans ses environs immédiats, dans la province de l’Occident, le troisième de la liste canonique des provinces de Basse Égypte.
Le décor du sarcophage se signale par le très grand nombre de dieux-gardiens. Sur le côté droit du couvercle, sur 17 registres, on trouve un défilé de 34 dieux gardiens et il en va pareillement à gauche, l’ensemble constituant un groupe de 68 dieux. Jusqu’à présent, aucun parallèle à ce groupe n’a été publié et, pour beaucoup de ces dieux, le sarcophage de Panéhemisé constitue la seule attestation, dans toute la littérature égyptienne, de leur nom. Peut-être peut-on en partie expliquer ce phénomène par l’origine naucratite de Panéhemisé. En fait, seuls trois cas semblables sont répertoriés. Sur le sarcophage d’un certain Horemheb conservé au musée du Caire, on trouve un texte qui est parallèle à une longue inscription du sarcophage de Panéhemisé. Ces grands groupes de dieux gardiens sont toujours, au début du XXIe siècle, assez peu étudiés, à la seule exception des 77 dieux de Pharbaïthos pour lesquels il existe les études de Jean-Claude Goyon et de Sylvie Cauville. Pour ce qui est des dieux protecteurs figurant sur les grands sarcophages de l’époque tardive, dont une quantité non négligeable est publiée depuis longtemps, notamment ceux du musée du Caire, il n’existe pratiquement pas, à des rares exceptions près, d’études approfondies. Apparemment, les courtes notices qui accompagnent généralement ces dieux, à l’aspect parfois bizarre ou étrange, n’ont pas suscité l’intérêt des chercheurs. Toutefois, ces inscriptions contiennent une masse relativement importante d’informations sur la vie du défunt dans l’au-delà, même si cela se présente sous une forme un peu fragmentaire. En fait, il faut traiter ces 68 brèves inscriptions comme un seul texte comportant 68 paragraphes, ce qui constitue un ensemble tout à fait appréciable, d’autant plus qu’il est extrêmement bien conservé.