À Cyzique, sur la rive de la Propontide (mer de Marmara), au nombre des dons considérables faits au peuple de cette cité par Philétairos, premier dynaste de pergame (OGIS 748), on trouve la mention d’une somme de 26 talents d’argent offerte « pour l’huile et la synagôgè des neoi » (expression remarquable, qui méritait de faire l’objet d’un commentaire étoffé). Ce document est l’un des premiers témoins de l’apparition d’un corps de neoi, en même temps qu’il confirme leur rôle sur le plan militaire. Ce sont d’ailleurs ces neoi cyzicéniens de l’époque hellénistique que Riet van Bremen a proposé de reconnaître dans les héros mythiques, tels Jason et ses compagnons, qu’évoquent avec force détails les Argonautiques d’Apollonios de Rhodes (i, 936 sqq.) : le poète hellénistique nous donnerait ainsi une idée précise des comportements attendus de la part de ces jeunes gens et des valeurs qu’impliquait l’entrée dans un corps de neoi.
L’importance de l’inscription de Cyzique pour l’histoire des neoi apparaît d’autant plus grande – et par son ancienneté également – qu’une inscription de Trèzène, datée de la fin du IVe siècle et considérée jusqu’ici comme le plus ancien témoignage de leur existence dans le monde grec (IG IV 749), paraît avoir été alléguée tout à fait à tort, le mot neoi n’étant là issu que d’une conjecture très discutable. Ce n’est donc pas avant les premières décennies du IIIe siècle avant J.-C. qu’apparaissent des corps de neoi, non seulement à Cyzique, mais aussi à Halicarnasse (Migeotte, Souscriptions, n° 77 et 102), à Samos, (IG XII 6, 11), à Ilion (Inschr. von Ilion, n° 31) et peut-être à Milet, au témoignage d’une inscription de Didymes (I. Didyma 259).
En partant d’un décret des neoi de Xanthos récemment publié (SEG 46, 1721), Riet van Bremen s’est employée à démontrer que la prétendue opposition entre une phase pendant laquelle le gymnase aurait été une institution privée, gérée par ses usagers (dont justement les neoi), et une phase « d’étatisation » (selon la formule de Christof Schuler) au cours de laquelle il serait progressivement passé sous le contrôle de la cité ne pouvait en tout cas pas être généralisée à partir du seul cas de Béroia en Macédoine (dont la désormais célèbre loi gymnasiarchique a été publiée par M. Hatzopoulos et Ph. Gauthier en 1993).