Résumé
Apprendre à lire change profondément le cerveau de l’enfant. Comprendre par quels mécanismes neuronaux nous apprenons à lire peut nous aider à mieux enseigner la lecture et à en mieux comprendre les difficultés.
Dans mon exposé, je montrerai des données d’imagerie cérébrale récentes qui indiquent comment l'acquisition de la lecture recycle plusieurs zones visuelles et auditives préexistantes du cerveau afin de les réorienter vers le traitement des lettres et des phonèmes. La comparaison des cerveaux de personnes alphabétisées et analphabètes a révélé trois sites majeurs d'amélioration dus à la scolarisation : les aires visuelles précoces, l’aire de la forme visuelle des mots dans le cortex (également appelée « boîte aux lettres du cerveau », une région spécialisée dans la reconnaissance visuelle des chaînes de lettres) et le planum temporal (une région impliquée dans le traitement phonologique). De nouvelles études d'imagerie cérébrale et de modélisation brossent un tableau détaillé de la manière dont le cortex visuel ventral et les aires du langage associées s'adaptent à la lecture. Je terminerai en discutant quelques conséquences de ces découvertes : (1) pourquoi les élèves font-ils des erreurs particulières, particulièrement de confusion des lettres en miroir ? (2) Quelles sont les meilleures stratégies pour enseigner la lecture, en se concentrant sur les lettres, leur ordre et leurs correspondances avec les phonèmes ? Et (3) comment diagnostiquer les différentes formes de dyslexie, dont certaines trouvent leur origine uniquement au niveau visuel ?