Le cours de 2019-2020 s’est inscrit dans le cadre de la poursuite d’un examen, entamé en 2018-2019, des liens entre l’ontologie et la sémiotique, dont l’objectif était de montrer comment, face à nombre d’impasses où ont mené au XXe siècle divers « tournants » (linguistique, cognitif, etc.), une réflexion sur le langage, mais bien plus généralement sur les signes et sur les liens qu’ils tissent avec l’esprit et le monde, n’est pas nécessairement tributaire d’une métaphysique nominaliste. Au contraire, il est possible d’inscrire la sémiotique dans une perspective logique, épistémologique, métaphysique et réaliste, comme en témoigne, au début du XXe siècle, le projet systématique entrepris par Charles Sanders Peirce. Pour ce faire, on s’était employé l’an passé à faire retour sur nombre de questions et d’auteurs qui, dans l’Antiquité, au Moyen Âge, puis à l’époque moderne, avaient tenté, avec plus ou moins de bonheur, de se livrer à l’exercice.
Rappel des six séances de 2018-2019 [1] :
- Les divers tournants « linguistique » et « cognitif » du XXe siècle, leurs impasses, et l’ébauche d’une réponse dans les termes de la sémiotique ontologique et réaliste peircienne : https://www.college-de-france.fr/site/claudine-tiercelin/course-2019-03-12-10h00.htm.
- Que connaître les noms, ce n’est pas connaître les choses. Cratyle ou entre les regrets et le surgissement d’un espoir par le sêmêion, https://www.college-de-france.fr/site/claudine-tiercelin/course-2019-03-19-10h00.htm.
- Les antécédents médiévaux de la sémiotique (1) : Peirce ou comment s’inspirer des médiévaux pour procéder à une sémiotisation de la pensée et, en retour, à une mentalisation des signes ? https://www.college-de-france.fr/site/claudine-tiercelin/course-2019-03-26-10h00.htm.
- Les antécédents médiévaux de la sémiotique (2) : La pensée est-elle structurée comme un langage ? Du verbum mentis à l’oratio mentalis : https://www.college-de-france.fr/site/claudine-tiercelin/course-2019-04-02-10h00.htm.
- Les antécédents médiévaux de la sémiotique (3) : La sémiotique réaliste face au choix difficile entre oratio mentalis et enunciatio in mente : https://www.college-de-france.fr/site/claudine-tiercelin/course-2019-04-09-10h00.htm.
- Les antécédents modernes de la sémiotique (1) : le nominalisme réaliste de George Berkeley https://www.college-de-france.fr/site/claudine-tiercelin/course-2019-04-16-10h00.htm.
Il s’agissait cette année, de terminer ce petit parcours en posant quelques nouveaux jalons féconds de cette histoire, d’examiner les grandes lignes de la sémiotique réaliste peircienne, de montrer ensuite comment elle avait à son tour inspiré nombre d’auteurs récents, mais plus encore pourquoi nous disposions grâce à eux tous de guides précieux pour mieux saisir la manière dont s’articulent les trois sommets de ce fameux « triangle » que sont depuis toujours : les mots, la pensée et le monde.
Malheureusement, la situation sanitaire aura seulement permis d’esquisser les premières étapes de ce parcours, de présenter ces deux autres figures majeures que sont, à l’époque moderne, Condillac et Reid, en indiquant déjà, textes à l’appui, (1) la proximité de leurs approches, (2) comment ils mettent en place une sémiotique perceptive originale qui (3) permettra de reconduire de la perception à un langage d’action et à un espace sémiotique fort large comprenant signes linguistiques et langue du calcul, mais à même aussi de s’étendre, dans une perspective simultanément réaliste et naturaliste, à une gamme infiniment riche de moyens d’expression sémiotiques. Il restait donc tant à dire encore que le cours se poursuivra l’an prochain (2020-2021).
Références
[1] Voir également le résumé publié dans l’Annuaire du Collège de France 2018-2019, Paris, Collège de France, 2022, p. 333-344, https://journals.openedition.org/annuaire-cdf/17159.