Résumé
Plusieurs raisons président au choix de partir du texte d’Hérodote pour aborder les tensions entre le général et le particulier dans l’étude de la religion grecque antique : 1) l’abondance du matériau qu’il offre en matière de religion ; 2) la posture spécifique de l’enquêteur à l’égard de ce matériau par rapport aux poètes qui l’ont précédé ; 3) la représentation de la religion grecque qui se révèle en creux dans les descriptions des coutumes étrangères ; 4) le recours à la notion de « dieux grecs » dans toute une série d’épisodes des Guerres médiques.
C’est la notion de nomos (« coutume », « tradition ») qui est d’abord explorée afin d’en comprendre la portée dans l’usage d’Hérodote, notamment en regard des débats de son temps sur l’opposition entre nomos et phusis. Cette dernière est entendue non comme « nature » (une catégorie qui n’est pas encore constituée à l’époque) mais comme la complexion de ce qui croît et se développe indépendamment de l’initiative humaine. Les nomoi sont donc des ensembles de comportements et d’usages aussi variés que les peuples qui les portent et, parmi ces usages, on trouve les relations avec la sphère suprahumaine dont quelques exemples tirés des premiers livres de l’Enquête sont analysés.