La révolution numérique ne signifie pas la fin du travail en tant que tel, mais la fin des catégories de pensée que la révolution industrielle a projetées sur l’agir humain. Cette année de cours eut pour objet de se déprendre des catégories normatives héritées de l’ère industrielle, de revisiter celles qui l’avaient précédée, et de projeter celles qui pourraient lui succéder, pour faire face aux défis technique et écologique des temps présents.
Introduction
Les mutations contemporaines du travail ont été envisagées du point de vue de l’homo faber. Forgé par Bergson en 1907, ce concept nous rappelle que la vie symbolique qui caractérise l’espèce humaine ne se déploie pas seulement dans ses paroles, mais aussi dans ses œuvres. Tout objet fabriqué, du premier biface jusqu’aux bases de données informatiques ou aux satellites d’exploration spatiale, exprime plus ou moins convenablement l’image mentale dont a procédé sa fabrication. C’est cette image qui donne à ces objets leur sens et leur intelligibilité, et permet de les distinguer de l’univers des choses.