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O caput elleboro dignum (Monde dans une tête de fou), 1590. - © Source gallica.bnf.fr/Bibliothèque nationale de France.

Prenant acte des nombreux processus de régionalisation du droit international et, depuis la fin de la guerre froide, de leur généralisation et de leur approfondissement, et notamment de la multiplication des organisations internationales régionales dans toutes les régions du monde et de leur prise croissante sur l’ordre juridique et institutionnel international, le cours de cette année pose la question de ce que les régions font au droit international et de ce que le droit international fait aux régions.

Comment est-ce qu’un droit international à l’origine régional, car issu principalement du droit public européen, en est venu à valoir universellement et comment assurer sa légitimité universelle dans ces conditions ? Comment cela se traduit-il dans les concepts de « région », « droit régional » et « organisation régionale » en et du droit international ? Quels sont les rapports entre « régions » et « civilisations » en droit international et entre les formes institutionnelles qu’elles prennent désormais les unes et les autres ? Quelle est et devrait être la place des droits internationaux régionaux issus des différentes régions du monde au sein des procédures d’adoption et d’interprétation du droit international universel ? Comment l’universalité des droits de l’Homme peut-elle et doit-elle se réconcilier avec la coexistence de différents systèmes régionaux (en l’occurrence, européen, interaméricain, africain et arabe) de protection de ces mêmes droits et les interprétations parfois différentes que leurs cours respectives en donnent ? Plus généralement, comment comprendre les termes « universalisme » et « régionalisme » en droit international et leurs rapports ? Quelles formes institutionnelles le droit international, prisonnier de la structure binaire « État-organisation internationale », donne-t-il aux régions et peut-il mieux faire pour assurer la légitimité politique du droit qui en est issu ? Comment articuler à l’avenir ces nombreuses organisations internationales régionales aux États, entre elles et aux organisations internationales universelles ? En tant qu’Européens, pouvons-nous encore tolérer l’exceptionnalisme européen en droit international et le positionnement officiel de l’UE en tant qu’ordre juridique et institutionnel « autonome » et « nouveau », et quelle devrait aujourd’hui être la place de l’UE parmi les organisations internationales régionales si elle ne doit être ni sui generis ni un modèle pour les autres ?

Ces questions et bien d’autres encore nous occuperont dans ce cours consacré au droit international des régions et au monde post-impérial qu’il pourrait (enfin) contribuer à instituer. Certaines d’entre elles seront approfondies dans le cadre du séminaire.

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