Amphithéâtre Maurice Halbwachs, Site Marcelin Berthelot
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Résumé

Dans les textes des juristes romains, nous rencontrons de nombreuses métaphores. Mais étaient-ils conscients de les employer ? Le cours abordera cette question, fondamentale du point de vue de la méthode, en cherchant dans les textes eux-mêmes les signes de l’attitude des juristes. Les indices de leur familiarité avec les métaphores ne manquent pas : les juristes avertissent souvent le lecteur qu'ils sont sur le point d'en introduire une (par quaedam ou quodammodo, « presque », « en quelque sorte »). Deux exemples sont particulièrement illustratifs : la définition du rivage et celle des degrés de parenté. Nous suivrons les différentes définitions du rivage maritime (litus), en observant le refroidissement progressif de leur registre métaphorique (Cicéron, Topiques, 32 ; Cicéron, La nature des dieux, 2.100 ; Iavolenus, D. 50, 16, 112 ; Celse, D. 50, 16, 96). La définition des degrés de parenté proposée par Paul (D. 38, 10, 10) montre, en revanche, la capacité du juriste à exploiter le caractère métaphorique d'un terme désormais lexicalisé (les « gradus » étant à l’origine les marches d'un escalier) pour le rattacher, sans faire semblant, au droit des Douze Tables, c'est-à-dire pour le ramener dans le champ du droit. Constater la conscience que les juristes avaient des métaphores nous invite à considérer que, d’une part, ils ont tendu à garder un style sobre et que, d'autre part, dans les étroites marges de manœuvre que leur laissaient les conventions stylistiques de la prose technique, ils ont profité des métaphores et de leur capacité connotative pour donner de la cohérence à leur argumentation et au système juridique lui-même.

Fresque "Némésis, déesse de la vengeance, montre le navire à Thésée, qui vient d'abandonner Ariane"