Sans que l’on puisse pour autant les qualifier de littéraires, les premiers documents inscrits, comme nous l’avons vu précédemment, ont pour objet d’identifier une personne ou un bien. C’est le biais que nous avons choisi pour aborder le passage de l’énumération aux formes construites, de la forme « faible » à une élaboration qui dépasse la seule utilité [1]. Nous en avons suivi la naissance l’an dernier, jusqu’à voir s’esquisser une première forme littéraire, celle qui donne accès à la survie éternelle à travers la pérennisation du nom et de l’indispensable offrande. Les conditions irréductibles de son efficacité sont au nombre de trois : la représentation directe, l’énoncé du nom et des titres restituant l’identité sociale du bénéficiaire et, enfin, la description de l’offrande. Cette trilogie incontournable s’exprime de façon quasi pictogrammatique dans les premiers temps. On peut penser, entre autres, aux panneaux de bois de Hezirê conservés au Caire [2] : une mise en page très réfléchie organise nom et titres au-dessus du personnage debout, qui fait face à l’énumération de l’offrande. Le procédé se systématise, jusqu’à atteindre la forme canonique des « pancartes » qui ornent l’entrée de la chapelle. La minutie de la représentation s’accompagne d’un développement, sous forme de texte l’énumérant, lui-même complété par un tableau récapitulant offrandes et quantités [3].
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Cours
Le calame et la pierre. Essai d'histoire critique de la littérature égyptienne antique (suite)
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