Amphithéâtre Marguerite de Navarre, Site Marcelin Berthelot
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Les sciences cognitives contemporaines ont réfuté la vision de William James (1890) selon laquelle le bébé « assailli par les yeux, les oreilles, le nez, la peau et les entrailles, ressent tout cela comme une vaste et bruyante confusion ». Cette réfutation s’est produite en deux temps.

Dans un premier temps, depuis les années 1970, des centaines d’expériences ont mis en évidence les multiples compétences du bébé. Celui-ci dispose, dès la première année de vie, d’un noyau de connaissances fondamentales (core knowledge), tels que les concepts d’objet (Spelke, 1983), de nombre (Mehler & Bever, 1967 ; Wynn, 1992), d’espace (Landau et al., 1981), ou encore un éventail de phonèmes et de règles pertinentes qui facilitent l’apprentissage du langage (Chomsky, Gleitman, Mehler).

Sur cette base, dans un second temps, s’est développée la métaphore du bébé comme un scientifique ou un détective. Selon Gopnik, les observations que fait l’enfant seraient intégrées à des « théories intuitives du monde physique, biologique et psychologique. Ces théories, comme des théories scientifiques, sont des représentations complexes, cohérentes et abstraites de la structure causale du monde extérieur » (Gopnik & Schulz, 2004). Le bébé élaborerait des modèles mentaux du monde et évaluerait leur plausibilité vis-à-vis des observations qu’il fait. Il disposerait donc de compétences précoces pour la manipulation des probabilités, l’évaluation, en parallèle, de nombreux modèles, la sélection des variables pertinentes, l’élimination des variables de non-intérêt, et le repérage des ambiguïtés ou des interprétations multiples.