Salle 2, Site Marcelin Berthelot
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Le dioxyde de silicium SiO2 est le minéral le plus abondant sur terre. Il existe principalement sous forme de cristaux (quartz, cristobalite), de verres et de silices artificielles amorphes. Les applications des oxydes de silicium sont très nombreuses et couvrent cinq principaux domaines industriels : l’électronique et la bijouterie (résonateurs, oscillateurs, capteurs, pierres semi-précieuses), la cosmétique et l’alimentation (relargage d’huiles et de parfums, antibactérien, dentifrices, protection solaire…), la chimie de spécialité (ajouts pour les matériaux de construction, encapsulation et relargage de composés, charges minérales dans les polymères et dans les pneus…), la santé (délivrance de principes actifs peu solubles, composants de pansements et de cicatrisants). Dans le cadre de leurs nombreuses applications les dioxydes de silicium peuvent être élaborés ou utilisés sous la forme de poudres dont les grains sont de taille micronique, submicronique voir nanométrique. Ces formes pulvérulentes peuvent être également générées par abrasion au cours de la réalisation de certains métiers (construction et isolation, travaux dans les carrières, mineurs, porcelainiers, prothésistes…). Par conséquent, il nous a semblé important de faire le point sur les connaissances actuelles sur la toxicité des dioxydes de silicium SiO2. Les poudres de silice cristalline (quartz, cristobalite) et celles issues des verres industriels entraînent des inflammations des voies respiratoires (fibrose, œdème, cancer du poumon) et sont cytotoxiques. Cette cytotoxicité est due au fait que le broyage de ces silices cristallines peut créer des concentrations très élevées de radicaux en surface (ROS pour Radical Oxygen Species) qui génèrent un fort stress oxydant. De plus cette toxicité peut être accrue car certains quartz ou cristobalite peuvent être contaminées par du fer dont la présence entraîne des réactions de type Fenton, source supplémentaire de formation de radicaux libres hydroxyles. Le diagnostic est beaucoup moins évident en ce qui concerne les silices amorphes, souvent utilisées sous forme de poudres nanostructurées dans des applications telles les charges minérales pour améliorer le contrôle rhéologique et les comportements mécaniques, les catalyseurs, les desséchants, les dentifrices, les vecteurs cosmétiques ou thérapeutiques. Ces silices amorphes sont produites en grandes quantités (la production mondiale en nanoparticules de silice amorphe a été estimée à 1,3 tonnes par an en 2000), et de ce fait elles représentent les nanoparticules synthétiques les plus abondantes sur terre.