Résumé
Les tissus animaux sont riches en énergie grâce à l’abondance en acides gras saturés. La viande contient en outre des protéines, des acides aminés essentiels, de la vitamine B3, du fer sous une forme facilement assimilable ainsi que des acides gras oméga 3 et 6. Dans un contexte de montée de l’aridité en Afrique au cours des derniers trois millions d’années, le glissement de certains hominines vers un régime de plus en plus carnivore a souvent été considéré comme une solution alternative à l’adaptation à des nourritures végétales coriaces développée par la lignée des Paranthropes. On peut suivre cette évolution grâce à l’étude des surfaces d’usure dentaire et à l’analyse de certains isotopes stables. Les isotopes du carbone et de l’azote sont ceux qui sont le plus fréquemment étudiés pour reconstituer l’évolution des régimes alimentaires au cours des derniers 100 000 ans. Cependant, pour les périodes anciennes et dans les milieux chauds, les molécules organiques se conservent difficilement et c’est le couple carbone/zinc qui, depuis peu, offre la meilleure solution pour reconstituer les réseaux trophiques fossiles. Des traces de découpe sur des ossements de mammifères ont été reconnues dès avant trois millions d’années, mais jusque qu’il y a environ deux millions d’années, c’est encore une alimentation végétale qui domine, complétée par un peu de viande et sans doute des insectes et des larves. À partir de cette date, les sites archéologiques qui montrent la consommation de mammifères deviennent beaucoup plus nombreux. Cette exploitation recouvre aussi celle du milieu aquatique d’eau douce. Parmi les modèles proposés, certains attribuent aux premiers hominines un comportement de charognard plus ou moins agressif vis-à-vis des autres carnivores. Dans plusieurs cas, cependant, un accès initial aux carcasses par des hominines précédant celui des carnivores peut être démontré. Initialement c’est la moelle au moins autant que la viande qui semble être recherchée. À Kanjera (Kenya), il y a deux millions d’années, on observe le transport sélectif des carcasses ou de certaines parties en fonction du poids. La poursuite du gibier aux heures chaudes de la journée sur de longues distances a sans doute été l’une des techniques de chasse les plus utilisées par les représentants du genre Homo adaptés à la course d’endurance.