Au sein des Primates, l’Homme se distingue, entre autres, par son régime alimentaire riche en énergie et par son métabolisme élevé. Même si la consommation de viande et les comportements de chasse existent chez de grands singes comme le Chimpanzé commun et le Bonobo, les Hominines ont poussé beaucoup plus loin cette adaptation pour avoir accès à une source de nourriture riche en calories. Ce comportement de prédation très ancien, car probablement enraciné dans leur lignée d’origine, a pris une ampleur inédite chez les représentants du genre Homo. Cette prédation se combine probablement dans ses débuts avec un comportement de charognard sous diverses formes.
En poursuivant cette voie évolutive, nos ancêtres et cousins proches ont été entraînés dans une série de bouleversements adaptatifs qui ont modifié leur biologie tout autant que leur comportement. Surtout leur rapport à l’environnement en a été aussi profondément changé. Devenu un prédateur, l’Homme est entré en concurrence directe avec les carnivores et notamment les carnivores de grande taille. Du rôle de proie, il est passé à celui de prédateur. La pression qu’il a alors exercée sur le milieu a directement affecté les espèces exploitées tout autant que celles situées en position élevée dans la chaîne trophique. Dès le Paléolithique, les groupes de chasseurs-collecteurs ont par ailleurs pratiqué une forme d’aménagement des paysages à des fins cynégétiques, en particulier par l’usage d’incendies volontaires. Ainsi, longtemps avant l’avènement de l’agriculture, les hommes ont-ils eu un impact non négligeable sur la faune et la flore sauvage. Sur le plan social, cette orientation alimentaire originale a aussi profondément influencé l’organisation des groupes humains. La division sexuelle des tâches, les circuits de distribution de nourritures, la démographie ou encore le partage des territoires sont autant de questions qui peuvent être examinées à la lumière de ce comportement.