Résumé
La domination coloniale française sur le Việt Nam entraîne des transformations économiques et sociales majeures au début du XXe siècle. Aux échanges économiques avec la métropole s’ajoutent des circulations d’idées, de techniques et de culture matérielle venant d’Occident. Avec la fin, en 1918, des concours mandarinaux qui produisaient les élites exclusivement masculines, les filles accèdent à l’instruction publique franco-vietnamienne et aux réseaux d’écoles privées et catholiques et pour une poignée, aux universités françaises. Cette leçon analyse comment les femmes se sont emparées du concept de modernité, s’interrogeant sur leur identité de femme, explorant de nouveaux rapports de genre dans le couple et dans la famille. J’évoquerai la première vague du féminisme vietnamien, à travers notamment l’émergence d’une presse militante (Nữ giới chung/Son de cloche du genre féminin, Phụ Nữ Tân Văn/Gazette des femmes, Đàn bà mới/Femmes nouvelles) et l’accès d’une minorité de femmes à de nouveaux métiers. Les femmes participent aussi activement à de nouveaux espaces de création artistique : littérature en quốc ngữ, poésie nouvelle, peinture, théâtre moderne et rénové (kịch nói, cải lương).