Témoin de l’histoire contemporaine du Việt Nam et historienne, je vous propose de revisiter l’histoire vietnamienne à partir d’un nouvel angle, celui de l’histoire des femmes.
Les Vietnamiennes ont toujours occupé une place importante aussi bien dans les mythes et légendes, le folklore, la littérature écrite et orale, la création artistique, les pratiques religieuses et cultuelles, que dans la production et les échanges économiques, dans la vie familiale et sociale. Bien qu’elles soient insuffisamment présentes dans l’historiographie officielle, leurs souvenirs sont préservés sous d’autres formes de l’imaginaire populaire et de la mémoire collective.
Aux contacts avec l’Occident, fortes des traditions non pas exclusivement ni essentiellement sinisées, mais aussi sud-est asiatiques et autochtones, bénéficiant d’un environnement socio-culturel pas seulement oppressif, inhibiteur et destructeur, comme on se l’imagine dans des visions unilatérales, mais aussi plus ouvert qu’auparavant, pluriel, mondial, flexible et inclusif, les Vietnamiennes, souvent accompagnées et soutenues par leurs homologues masculins, se sont affirmées comme actrices créatives et engagées dans des mouvances modernisatrices de développement économique, social et individuel.
On gagnerait à explorer leurs identités au pluriel, en privilégiant une approche de l’intérieur, d’en bas ainsi qu’à questionner les visions stéréotypées ou figées pour préférer une histoire ouverte, plurielle, connectée et en évolution permanente.