Les juristes romains – en particulier Florentin et Ulpien – proposent une définition de la liberté qui se situe entre nature et droit. Leurs définitions ont influencé la conception moderne des droits de l'homme. Mais pour les juristes romains, reconnaître qu'il existe une liberté par nature revient à créer un espace où le rôle des esclaves peut être pris en compte sans modifier leur soumission « contre nature » au pouvoir d'autrui.
La catégorie de « persona » permet aux juristes d'envisager les êtres humains de manière très variée, sans les enfermer dans une condition unique. L'homme devient ainsi un rôle, comme les acteurs romains qui portaient un masque, et en portant le masque devenaient le personnage qu'ils interprétaient. Le signe que la condition des hommes, d'abord unique, se diversifie ensuite et se segmente, est constitué par la multiplication des noms, qui servent à distinguer, à ségréguer. « Et alors que nous sommes appelés d'un seul nom naturel, c’est-à-dire hommes, selon le droit des gens il vint à en exister trois sortes : les libres, leur contraire les esclaves et un troisième genre, les affranchis ». Nommer c'est donc instituer.