Le mazdéisme (connu aussi comme zoroastrisme ou religion de Zarathoustra) est l’une des plus anciennes religions du monde. Ses origines historiques et géographiques sont fortement contestées. L’historicité de son fondateur, Zarathoustra, a été mise en doute, ainsi que l’interprétation traditionnelle des textes fondateurs de la religion, l’Avesta. L’antiquité de la religion l’a assurée d’une place importante parmi les historiens qui s’occupent des religions du monde ancien. Ceci n’est pas le cas pour l’histoire non-impériale du mazdéisme, qui commence avec les conquêtes arabes de l’Iran et l’islamisation du monde iranien. Le fait que les communautés mazdéennes n’occupaient qu’une place marginale dans la société iranienne islamisée (et dans la société indienne pour les parsis) jusqu’à leur « redécouverte » par les voyageurs européens et leur émancipation dans le XIXe (pour les parsis) et XXe (pour les communautés de l’Iran) siècle, a permis aux historiens de les voir comme un « reste » d’un passé plus grand, de les oublier ou les ignorer.
Ainsi, presque la moitié de l’histoire du mazdéisme a été laissée à quelques spécialistes ou n’est pas du tout étudiée. La religion est connue substantiellement comme elle était dans la période sassanide tardive et les premiers siècles de l’Islam. Cette image de la religion a été employée tant pour l’interprétation des expressions religieuses antérieures (surtout des achéménides et parthes), que pour mesurer les développements postérieurs. Ceci a produit une image stationnaire de toute la religion.
Dans les décennies passées, l’histoire générale (des origines jusqu’au présent) du mazdéisme a néanmoins été écrite deux fois, par Mary Boyce et par Michael Stausberg. La première en a apporté toutes ses puissances historiques et philologiques, mais sa thèse d’une grande continuité historique produite par les enseignements du prophète Zarathoustra a provoqué beaucoup d’objections. Le deuxième s’est largement limité à une approche descriptive. Nous nous trouvons encore face à la question posée il y a presque cinquante ans par Marijan Molé : une histoire du mazdéisme est-elle possible ?
Dans ces quatre leçons, une réponse à Molé sera formulée : une histoire du mazdéisme est seulement possible quand on y reconnaît quatre phases distinctes et s’efforce à penser quels ont pu être les liens entre ces phases. Première place doit être donné aux considérations sociologiques et au projet de repenser l’importance et l’emploi des textes dits sacrés, qui ont été au centre de l’intérêt savant occidental.