Résumé
Que les États d’Europe centrale et orientale soient désormais membres de l’Union européenne ou qu’ils appartiennent seulement au Conseil de l’Europe en tant qu’organisation internationale, les difficultés capitales qu’ils rencontrent sont si différentes que l’on peut aujourd’hui se demander s’il existe encore des valeurs « européennes » communes. Il ne s’agit pas seulement d’une simple opposition entre des attitudes conservatrices et progressistes, mais bien plutôt de différences autour de la conception fondamentale de la relation entre l’individu et l’État, et du rôle de ce dernier au XXIe siècle. Tandis qu’à l’Ouest, le pluralisme et l’ouverture sont largement répandus, à l’Est, l’État est considéré comme un espace protecteur des traditions devant être préservées, mais aussi défendues contre les transformations provoquées par la mondialisation. Des conflits éclatent de manière récurrente sur des questions telles que le mouvement LGBT ou l’accueil des réfugiés. Peu à peu, ces conflits en engendrent d’autres portant sur des interrogations substantielles telles que l’indépendance du pouvoir judiciaire et la raison d’être des oppositions à une majorité gouvernementale. Ces antagonismes reflètent-ils un clivage Est-Ouest, ou constituent-ils des facteurs de division qui existent dans toutes les sociétés européennes de façon plus ou moins visible ?