Conférencier invité

Interaction dynamique entre inné et acquis dans le câblage neuronal du cerveau

du au
Voir aussi :

Dans cette série de trois conférences, le Pr Carla J. Shatz a envisagé comment l'activité neurale, d'abord spontanée, puis issue de la stimulation sensorielle, contribue à l'élaboration et l'optimisation des circuits neuronaux pendant les périodes critiques du développement cérébral. Ces conférences ont porté sur le développement du système visuel des mammifères, et plus particulièrement sur les connexions entre la rétine, le corps genouillé latéral (CGL) du thalamus, et le cortex visuel primaire. Ces connexions commencent à se former in utero dans de nombreuses espèces, et de toute façon bien avant l'apparition de la vision. Un premier câblage neuronal est d'abord établi entre l'œil et le cerveau, en utilisant des signaux de guidage axonal. Cette période est suivie par une phase prolongée de développement dépendant de l'activité, dans laquelle les connexions synaptiques, d'abord diffuses, sont affinées pour aboutir aux circuits précis du cerveau adulte. Ce processus se produit vraisemblablement partout dans le cerveau pendant le développement, dotant celui-ci d'une formidable capacité d'adaptation à l'environnement et d'apprentissage durant toute leur vie.

Dans le système visuel, les cellules ganglionnaires de la rétine se connectent aux neurones du CGL en formant une alternance de couches successives spécifiques de chaque oeil. Les neurones du CGL représentant chaque œil se projettent à leur tour sur des neurones situés dans la couche IV du cortex visuel primaire pour former l'alternance des colonnes de dominance oculaire (DO). Mais pendant le développement, les projections neuronales issues des deux yeux sont entremêlées. L'apparition de l'alternance de couches dans le CGL, ou des colonnes dans le cortex, s'accompagne d'un remodelage des connexions neuronales. Ce remodelage nécessite des signaux issus des cellules ganglionnaires de la rétine : le blocage des potentiels d'action de ces cellules empêche en effet la formation des couches du CGL (Shatz et Stryker, 1988 ; Sretavan et al, 1988), et perturbe également celle des colonnes de DO.