Le concept de révolution a été élaboré à partir de situations historiques particulières. C’est un concept qui permet de penser un phénomène général de discontinuité dans l’histoire, qui englobe à son tour plusieurs situations concrètes. Les révolutions politiques ont un seul dénominateur commun, la rupture dans le gouvernement des sociétés. Au-delà, une incalculable diversité d’espèces.
Concept historique, le concept de révolution est lui-même issu de l’histoire. Il évolue à mesure que l’histoire s’enrichit de nouvelles expériences comparables à celles qui ont provoqué les premières naissances et les premières utilisations du concept. Chaque expérience nouvelle, rapportable aux plus anciennes par sa similarité, apporte ses vécus particuliers avec son langage propre, mais cherche, pour divers motifs, dont la valorisation et le prestige, à s’intégrer au cycle historique des révolutions démocratiques modernes, presque invariablement considérées comme signes du progrès.
Le concept se construit en français entre 1789 et la Commune de Paris, en anglais entre les événements d’Angleterre au XVIIe siècle et ceux des États-Unis à la fin du XVIIIe, en russe entre 1905 et 1917, en chinois entre l’ère de Sun Yat-sen et celle de Mao Tsé-Toung, en espagnol à partir des révolutions d’Amérique latine, sur lesquelles plane le rituel révolutionnaire bolivarien [1], en arabe, à partir du réformisme et de la découverte de la Révolution française qui ahurit le monde arabe. Dans tous ces cas, nous glissons de la situation au concept.