Résumé
Le mantra occupe une place prépondérante dans les représentations indiennes, exotériques aussi bien qu’ésotériques, de la parole. Du verset védique rythmant les séquences sacrificielles en « running narrative of the rite », aux exploitations proprement magiques de la parole révélée, le mantra joue un rôle de choix dans le dispositif rituel brahmanique. Les mantra ne sont toutefois pas étrangers au bouddhisme, qui prête au Bouddha la révélation de charmes et d’incantations à double vocation mondaine et supramondaine. C’est en particulier au philosophe bouddhiste Dharmakīrti (550-650 ?) que l’on doit l’une des rares tentatives d’examiner en raison l’efficacité des mantra. Ce faisant, Dharmakīrti se situe à la croisée des chemins entre un bouddhisme traditionnel qu’il bouscule et un bouddhisme tantrique qui l’offense, et qu’il attaque à mots couverts.