Amphithéâtre Guillaume Budé, Site Marcelin Berthelot
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Résumé

Banni de l’empire des grands Qing après son moment de gloire à la tête du gouvernement réformateur de 1898, Kang Youwei (1858-1927) passera quinze ans en exil. Après un séjour initial au Japon, il entamera un tour du monde. À chaque étape, il s’enquiert de l’histoire locale, propose des comparaisons avec la Chine, interroge l’avenir. Au fur et à mesure, il publie ses notes de voyage dans une revue personnelle Buren zazhi (« Je ne souffrirai pas que… »).

Assis, comme Edward Gibbon, dans les ruines du Forum romain à la tombée du jour, Kang se livre en 1904 à une longue méditation sur les pratiques d’assemblée populaire. Quelles en sont les conditions de possibilité et quels facteurs amènent leur disparition ? Entre les empires romain et chinois, quelles comparaisons ? La marginalisation du Sénat par Auguste relève-t-elle d’une dynamique universelle, en lien avec des facteurs de population, de territoire, d’alimentation, ou n’est-elle que le dénouement d’un conflit local ? Le passage de l’état à l’empire est-il inévitable ? Comment les parlements survivent-ils aux régimes despotiques ? Peut-on imaginer de passer du régime impérial au régime démocratique ?

Rien, dans cette manière d’envisager le problème, du relativisme facile qui a si souvent cours dans ce genre de grande comparaison intercivilisationnelle. Le déterminisme racial ou culturel n’a pas de place chez ce penseur utopique de la « Grande Unité » (datong).

Nous revisiterons le dialogue de Kang Youwei avec Cicéron, Montesquieu, et Gibbon, témoignage d’une volonté d’intégrer l’histoire chinoise à l’histoire de l’humanité. Les questions qu’il soulève sont évidemment toujours d’actualité. Sa manière de les poser et les perspectives d'avenir qu’il ouvre démontrent l’ambition intellectuelle et l’imagination synthétique d’un penseur du changement dont les orientations premières découlent de l’interprétation Gongyang des Classiques.