Colloque coorganisé par la Pr Anne Cheng, chaire Histoire intellectuelle de la Chine, et le Pr Henry Laurens, chaire Histoire contemporaine du monde arabe.

Avec le soutien de la Fondation Hugot.

Jean Sigismond de Hongrie avec Soliman le Magnifique en 1556. Miniature - © Domaine public

Pour les Grecs, le despotisme était le mode de gouvernement rencontré chez les barbares asiatiques qui, parce qu'ils étaient esclaves par nature, se soumettaient volontairement à un souverain héréditaire absolu. La tyrannie en revanche était un moment temporaire dans l’histoire des cités. Le concept de despotisme oriental est repris par les Européens pour décrire l’Empire ottoman d’abord sur le mode d’une menace organisée et implacable, ensuite comme un système au rendement toujours décroissant. Les descriptions du système soviétique au XXe siècle ont suivi ces deux étapes. Bien souvent, au XVIIIe siècle la référence au despotisme est une critique plus ou moins voilée de la monarchie absolue européenne. En revanche, le « despotisme éclairé » sert à justifier un passage en force pour établir des réformes jugées indispensables. Dans le dernier tiers de ce siècle, il sert de justification aux projets de conquête coloniale dans l’Ancien Monde. Cette conquête, qui voudrait se poser comme libératrice, trouve finalement sa justification dans le despotisme éclairé (fardeau de l’homme blanc, mission civilisatrice). La modernisation autoritaire de ces pays reprend ainsi tout ce discours tout en utilisant une référence identitaire de nature essentialiste. Ainsi un discours produit pour justifier la domination de l’autre peut servir aujourd’hui la perpétuation de régimes autoritaires par les pouvoirs qui régissent les pays concernés en rejetant comme étrangères les doctrines libérales.

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