Le 2 décembre 1978, dans un rapport hebdomadaire au président Carter, son conseiller à la sécurité nationale, Zbigniew Brzeziński évoque un « arc de crise » qui s’étend du Bangladesh à Aden en passant par Islamabad.
L’expression se retrouve rapidement dans la grande presse, plutôt sous la forme de « croissant de crises » en particulier en couverture du Time magazine du 15 janvier 1979. Le 1er mars 1979, George Lenczowski publie un article dans Foreign Affairs, « The Arc of Crisis: Its Central Sector » définissant le Moyen-Orient comme étant sa partie centrale.
Bien que le monde musulman ait été à la fois un enjeu et dans une certaine mesure un acteur de la guerre froide, la secousse qui ébranle la région en 1979 – révolution islamique en Iran, traité israélo-égyptien de Washington, renversement des alliances dans la guerre civile libanaise, prise d’assaut de l’ambassade américaine à Téhéran, insurrection mahdiste à La Mecque, intervention soviétique en Afghanistan, second choc pétrolier – est très largement une nouveauté. Un nouvel acteur qui sera défini plus tardivement émerge, l’islam politique ou islamisme.
L’année suivante s’inscrit dans ce mouvement : situation de quasi guerre civile en Syrie et en Irak, guerre Irak-Iran, coup d’État en Turquie.
Alors que l’ensemble de ces événements est interprété par les contemporains à travers le prisme de la guerre froide, ils annoncent en fait ce qui allait dominer la fin du XXe siècle et les premières décennies du suivant. Dix ans avant la chute du mur de Berlin, un monde nouveau est en train d’émerger.
L’objet de ce colloque est ainsi de prendre ces événements de 1979 aussi bien dans leur surgissement immédiat que dans la redéfinition du Moyen-Orient qu’ils imposent.