Résumé
Depuis le XIXe siècle, la langue lituanienne, membre de la famille baltique au sein des langues indo-européennes, a attiré l’attention de nombreux linguistes en Europe de l’Ouest. Plusieurs voyages de collecte ethnographique et linguistique en Lituanie ont été entrepris par des linguistes aussi célèbres qu’August Schleicher (1821-1868), Karl Brugmann (1849-1919) et Ferdinand de Saussure (1857-1913). La découverte récente, au Collège de France, de notes prises vers 1920 par le linguiste Antoine Meillet (1866-1936) sur la langue lituanienne montre que cet intérêt s’est prolongé au-delà du XIXe siècle ; il se poursuit de fait encore aujourd’hui.
L’objet de cette communication est de donner une présentation générale de la langue lituanienne, de sa position dans sa famille de langues et de ses principales caractéristiques linguistiques, afin d’expliquer pourquoi cette langue a autant attiré les linguistes.
On abordera successivement trois aspects qui rendent le lituanien fascinant pour les linguistes : d’abord, son archaïsme linguistique, qui en fait la langue la plus conservatrice de toute la famille indo-européenne, à part égale avec les grandes langues anciennes que sont le grec, le latin et le sanskrit ; d’autre part, sa position aréale au carrefour des langues de la Baltique orientale, qu’elles soient indo-européennes (polonais, russe, allemand), ou non-indo-européennes (langues fenniques) ; enfin, sa singularité typologique, qui en fait un objet d’étude particulièrement fécond pour la linguistique générale.