« Militant antifasciste dans les années 30, premier à l’agrégation de philosophie en 1937, résistant de la première heure, chef des FFI de la Région Sud-ouest en 1944, Compagnon de la Libération en 1946, anthropologue, helléniste, professeur au Collège de France de 1975 à 1984, médaille d’or du CNRS en 1984, J.-P. Vernant (1914-2007) n’aimait pas rappeler ses titres. Il a traversé son siècle avec une clairvoyance, une intelligence et un engagement peu communs, reliant constamment, dans son travail et sa réflexion, passé et présent. Militant communiste jusqu’en 1970, résolument anticolonialiste, défenseur des dissidents russes et tchèques, il a toujours associé la solidarité à la lucidité critique. Philosophe de formation, il fut le promoteur d’une psychologie historique qui le conduisit à étudier le monde grec ancien et à en transformer profondément l’image traditionnelle. En questionnant les Grecs à partir d’un point de vue comparatiste, en interrogeant le politique et le religieux, le mythe en particulier, il a ouvert des voies nouvelles à la recherche. Vernant fut l’homme de l’amitié, du groupe, des entreprises collectives ; toujours disponible, accueillant, attentif, il fut tout autant auditeur que conteur, écrivain rigoureux et lecteur perspicace : un maître libérateur, pour reprendre la formule de P. Vidal-Naquet.»
L’hommage que la BnF se devait de lui rendre s’organise autour de témoignages et de projections qui tenteront de restituer la densité et la richesse de cette traversée.
Journée organisée avec le Centre Louis Gernet, le Centre National de la Recherche Scientifique, le Collège de France, l’École des Hautes Études en Sciences Sociales, l’École Pratique des Hautes Études.