Qu’est-ce que la paléoanthropologie ?
C’est une discipline scientifique qui s’intéresse aux différentes étapes de l’évolution humaine, celles qui ont permis d’aboutir à l’homme moderne, Homo sapiens, à partir de ces ancêtres primates. Elle se base essentiellement sur l’étude des fossiles osseux, vieux de milliers voire de millions d’années.
Pouvez-vous nous expliquer l’objet de votre recherche au sein de cette discipline ?
Mon projet de thèse succède à un mémoire de master dirigé par le Pr Hublin du Collège de France et le Pr El Hajraoui de l’Institut national des sciences de l’archéologie du patrimoine de Rabat, au Maroc. Je contribue à une compréhension anatomique des populations « atériennes », qui est un groupe d’Homo sapiens du Paléolithique moyen, entre 150 000 et 35 000 ans avant notre ère, dont il faut comparer les caractéristiques dentaires avec celles observées chez d’autres espèces du genre Homo, comme le Néandertalien et l’Homo sapiens récents.
Mon doctorat consiste à étudier les restes dentaires d’un enfant « atérien » retrouvé dans la grotte des Contrebandiers de Témara, au Maroc. Ce matériel osseux offre la possibilité d’évaluer les processus de croissance et de développement depuis les formes anciennes de notre espèce jusqu’à aujourd’hui. Il s’inscrit dans un ensemble plus vaste de spécimens qui documentent l’anatomie et le comportement de l’Homo sapiens avant sa sortie d’Afrique.
Quels sont les liens qui unissent votre projet de recherche à ceux du Pr Hublin ?
Le Pr Hublin, titulaire de la chaire Paléoanthropologie du Collège de France, supervise plusieurs projets de recherche pour définir précisément la question de l’évolution humaine. On a l’habitude, dans les sciences naturelles, d’organiser le monde vivant dans des catégories hiérarchisées que l’on appelle « taxons ». Les dents sont d’une aide précieuse pour élaborer des hypothèses taxonomiques. Il s’agit donc d’arriver à positionner exactement chaque espèce humaine dans ces catégories afin d’en déterminer l’histoire évolutive.
Quels sont les enjeux et les conséquences possibles de cette recherche ?
Nous travaillons sur une période dont la documentation est en perpétuel renouvellement. Ma recherche comparative permet de définir les liens des populations « atériennes » avec d’anciens fossiles Homo sapiens d’Afrique du Sud et du Proche-Orient. Il arrive parfois que cela modifie de quelques milliers d’années des événements de l’histoire de l’espèce par rapport à ce que l’on avait établi.