Le Centre d’études chinoises (Institut des civilisations du Collège de France – pôle Mondes asiatiques), historiquement dénommé Institut des hautes études chinoises (IHEC), a été fondé sous cette appellation en 1920 avec pour ambition de créer un lieu d’échange culturel où l’on enseignerait différents domaines de la culture chinoise. Durant ses premières décennies d’existence, l’IHEC se développa en deux phases : la première, de 1920 à 1926, est celle des politiques, durant laquelle l’institution n’eut que des activités limitées et chercha à être un instrument de la diplomatie franco-chinoise. La seconde phase commença en 1926 avec le retour des sinologues, en premier lieu Paul Pelliot (1878-1945) et Marcel Granet (1884-1940), qui prit la direction de l’IHEC. Grâce à l’attribution d’une importante subvention issue des fonds de l’indemnité des Boxers, Marcel Granet lança un programme ambitieux pour doter l’Institut d’enseignements, d’une bibliothèque et de publications. C’est ainsi que l’IHEC proposa un programme d’enseignement qui entendait faire le lien entre les cours de langue de l’École des langues orientales et les quelques séminaires de recherche proposés à l’École pratique des hautes études (EPHE) et au Collège de France.
Rattaché avec sa bibliothèque au Collège de France en 1972, l’IHEC, devenu Centre d’études chinoises, supervise l’activité de la bibliothèque d’études chinoises ; il poursuit un programme de publications et entretient des relations et des échanges avec les institutions scientifiques chinoises.
Le Centre est doté d’un conseil scientifique de douze membres choisis parmi les spécialistes du domaine et d’un directeur. Celui-ci est soit un professeur du Collège de France, soit un collègue d’une autre institution sollicité pour remplir cette fonction. Les membres du conseil scientifique sont désignés pour une période de quatre ans renouvelables. Leur désignation, comme celle du directeur, est approuvée par l’administrateur du Collège de France.
Les publications du Centre d’études chinoises
Le Centre a aussi pour mission de publier des travaux érudits de sinologie, ainsi que des outils de recherches dans ce domaine. Deux collections constituent le cœur de cet ensemble de publications, la « Bibliothèque de l’Institut des hautes études chinoises » (42 vol. depuis sa création en 1934), et les « Mémoires de l’Institut des hautes études chinoises », une série initiée en 1976 pour favoriser l’édition de thèses de qualité et d’actes de colloque (41 vol.). On note également une série de thèses d’université (1932-1936), des travaux d’index (8 vol., 1962-1991), les quinze index du Centre d’études sinologiques de Pékin – Université de Paris (1939-1953), et enfin neuf « Hors collection » (1992-2020). Les deux collections principales comptent de nombreux livres signés par des grands noms de la sinologie, à commencer par Édouard Chavannes, dont le volume IV des Cinq cents contes et apologues extraits du Tripitaka chinois parut à titre posthume en 1934, inaugurant la Collection de la « Bibliothèque de l’IHEC ». L’une et l’autre illustrent la variété des études chinoises encouragées par le Centre, aussi bien en termes de disciplines que du point de vue spatial et temporel : on y trouve la traduction commentée de textes de lois, de documents, de poèmes, des contributions à l’histoire, des études littéraires, religieuses, scientifiques. Quelques-uns de ces travaux concernent également l’Asie centrale, la Mongolie, et ce qu’on appelait autrefois le Turkestan chinois. Plusieurs volumes en sont à leur deuxième, voire troisième édition : ainsi Le Concile de Lhasa. Une controverse sur le quiétisme entre bouddhistes de l’Inde et de la Chine au VIIIe siècle de l’ère chrétienne, par Paul Demiéville (1987 et 2007), ou Histoire des marchands sogdiens, par Étienne de la Vaissière (2002, 2004, 2016). Jean-Pierre Diény a fait l’honneur à l’Institut d’y publier trois de ses ouvrages et d’y joindre un recueil choisi de ses articles en 2012.