Présentation

Pierre Boulez est né en 1925 à Montbrison. Il s’oriente vers la musique en 1942 et entre au Conservatoire national supérieur de musique de Paris en 1943 où il suit notamment la classe d’analyse d’Olivier Messiaen, puis quitte le Conservatoire en 1945. Avec l’aide de Jean-Louis Barrault, il fonde en 1953 une série de concerts qui prennent le nom de Domaine musical. Leur programmation obéit au principe auquel Pierre Boulez restera fidèle dans son activité de chef d’orchestre et d’organisateur, celui de mieux faire connaître les œuvres de référence pour la modernité et la production contemporaine, et de donner en création des œuvres nouvelles. Tout en s’imposant à partir de la fin des années 1940 et dans les années 1950 comme l’une des figures de proue de l’avant-garde internationale, Boulez se forme sur le tas à la direction d’orchestre, avec notamment pour mentor Hans Rosbaud. Il acquiert une réputation grandissante de chef d’orchestre au cours des années 1960, et la consolide à la tête de grands orchestres londoniens et new-yorkais, et en étant invité à diriger à l’Opéra de Paris puis à Bayreuth. Au milieu des années 1970, il fonde et dirige à Paris l’Ircam, un institut de recherche dédié à l’exploration de l’informatique musicale et de la psychoacoustique, et l’Ensemble intercontemporain, un orchestre spécialisé dans l’interprétation des œuvres du XXe siècle et dans la création d’œuvres nouvelles.

Compositeur, chef d’orchestre, fondateur d’institutions, Pierre Boulez a aussi enseigné, d’abord discontinûment ou ponctuellement, à Darmstadt, Bâle et Harvard, avant d’être élu professeur du Collège de France et d’y enseigner de 1977 à 1995. Auteur d’un peu moins de cinquante œuvres, dont une partie significative a fait l’objet d’expansions et de réélaborations selon le principe du work in progress qu’il a brillamment théorisé pendant l’année finale de son enseignement au Collège de France, Pierre Boulez a d’abord conçu son activité créatrice comme une rupture systématique avec le langage tonal et les constructions formelles associées à ce langage. À partir des années 1980, ses recherches s’orientent vers la maîtrise des grandes formes et vers le recours aux technologies nouvelles issues de l’Ircam, pour le traitement du son par ordinateur et le dialogue entre interprètes et machine en temps réel.