Paul Paradis (on ne connaît pas sa date de naissance) est un descendant de la famille juive des Meshulam, connue à Venise sous le sobriquet « Del Banco ». Il se convertit au catholicisme en 1528 et adopte le nom de son parrain Lodovico Canossa, ambassadeur du roi de France et évêque de Bayeux (Secret). En 1531, il devient, à la suite d’Agacio Guidacerio et de François Vatable, le troisième lecteur d’hébreu au Collège Royal fondé en 1530 par le roi François Ier, qui deviendra plus tard le Collège de France. Son entrée au Collège de France se fait probablement grâce à l’appui de Marguerite de Navarre, la sœur du roi, à laquelle il aurait donné des cours de grec et d’hébreu. La nomination des lecteurs d’hébreu et de grec au Collège royal s’inscrit dans un contexte de création de collèges de langues bibliques qui, dans la plupart des cas, furent une réaction contre la réticence de l’Église catholique et des universités, plus précisément des facultés de théologie, d’accepter le retour aux sources prôné par les humanistes et les Réformateurs. Les cours de Paradis furent populaires et il attira un grand nombre d’auditeurs. Le roi l’appréciait particulièrement, comme le montrent son salaire et sa naturalisation en 1536. En 1534, il annonce un cours sur le livre des Proverbes, qui est cité dans une plainte déposée contre quatre lecteurs royaux (les trois lecteurs d’hébreu et Pierre Danes, lecteur de grec) par la faculté de théologie de Paris, via leur doyen, Noël Béda. Cette plainte vise l’atteinte aux compétences des professeurs de théologie en matière d’interprétation des textes bibliques et la mise en question de la traduction latine utilisée par l’Église catholique. Il s’agit pour les membres de la faculté de théologie de défendre « leur » Bible et la Bible de l’Église contre l’ingérence des philologues ou des sciences humaines. Le roi ne pouvait évidemment pas admettre que son collège fût contrôlé par la faculté de théologie et le doyen dut retirer la plainte.
Paradis n’a laissé que peu d’écrits. En 1534, un de ses élèves, Joannes Fraxino a publié avec l'accord de Paul Paradis un dialogue entre deux de ses auditeurs, Martial Gouveia et Matthieu Budé, fils de Guillaume Budé, le bibliothécaire du roi, sur la manière d'enseigner et de lire l'hébreu sous le titre Pauli Paradisi, Veneti, Hebraïcarum Litterarum Regii interpretis, de modo legendi hæbraïce, dialogus. Il s’agit d’une introduction ludique et parfois humoristique à la phonétique hébraïque. En 1539, Paul Paradis traduit un texte apocryphe du Xe ou XIe siècle « la Chronique de Moïse » qui se base probablement sur le Sefer Hayyashar (Abraham, 11 -22). Le manuscrit, probablement écrit par Paradis lui-même, est intitulé « La vie et la naissance du prophète Moyse traduicte de haebreu en françoys » (traduction réimprimée avec notes par Abraham, 46-74). Paradis meurt probablement en 1549 (Lefranc, 180), laissant un enfant naturel du nom de Charles que le roi légitima.