Colloque organisé dans le cadre de l’initiative « Avenir Commun Durable ».
C’est entendu : il va falloir faire face aux changements climatiques qui nous tombent dessus parce que nous les avons causés ou aggravés. Mais au-delà des impératifs d’adaptation et de transition, il nous faut interroger ce que ces termes veulent dire et nous interroger sur ce « nous » à qui il incombe de porter un diagnostic sur le passé, de dresser un bilan de nos moyens d’action et de tracer des perspectives.
Le passé nous paraît un réservoir de frayeurs et de réassurances. D’un côté, nous y repérons, avec l’anthropocène, l’origine d’une trajectoire effrayante, peut-être paralysante, de transformations environnementales qui affectent en particulier le climat. De l’autre, certains affirment avec optimisme que l’on s’est « toujours adapté ». Si ce constat n’est peut-être pas faux, nous devons préciser nos jugements de façon critique en faisant appel à des disciplines variées, spécialistes du temps long ou du temps présent.
Qu’a signifié l’adaptation des espèces animales et végétales par le passé ? Où s’observe cette adaptation aujourd’hui ? Et qu’en est-il de la maladaptation : quelle lumière jette-t-elle sur ce qu’est l’adaptation des espèces et le temps qu’elle requiert ? Avons-nous ce temps-là devant nous quand nous parlons de sociétés aux prises avec les effets du changement climatique ? Qu’ont fait les sociétés du passé lorsqu’elles ont été confrontées à des changements environnementaux drastiques concernant le climat, les ressources nutritionnelles ou encore pire, la menace des agents pathogènes ? Ou bien lorsqu’elles se sont elles-mêmes exposées, par leur mobilité, à des environnements qui représentaient des contraintes différentes ? Que se passe-t-il dans la société qui répond à de telles contraintes, qui décide, qui est laissé de côté ? Le choix est-il seulement entre « succès adaptatif » et « effondrement » ? Et à nouveau, que serait exactement l’inadaptation d’une société face aux changements environnementaux ? Les sociétés disparaissent-elles comme disparaissent les espèces ?