Actuellement, nous sommes placés entre deux hypothèses de travail : se référer à un univers existant, étirer au maximum ses possibilités, jouer consciemment des déformations à opérer sur cet espace usuel ; ou bien : chercher à rénover l’espace musical, lui donner flexibilité, multiplicité et préserver sa cohérence à des niveaux multiples.
Pour commencer à discerner le possible de l’utopique, il faut se baser sur la perception des phénomènes musicaux, des objets musicaux, étudier, en particulier, la perception — horizontale et verticale — des intervalles, voir dans quelles limites se meut, de ce point de vue là, notre perception auditive.
Allant plus avant, il nous faut étudier l’idée même de limites de la perception : limites imprécises par la nature, ou améliorables par l’accoutumance ou l’éducation ; étudier également la dialectique de ces limites quand différents champs d’action ou de perception sont impliqués.
D’autre part, et musicalement parlant cette fois, il est indispensable de définir la nature des différents types d’échelles utilisables.
- À l’intérieur de la définition habituelle de l’octave.
- avec une unité constante comme base,
- à partir d’unités non constantes, variant régulièrement ou irrégulièrement.
- En dehors de la définition habituelle de l’octave, au moyen d’un intervalle choisi arbitrairement.
- Avec une bande de définition irrégulière, la définition de chaque bande où se reproduira la structure interne des intervalles pouvant varier selon des critères reliés ou non à ces intervalles internes.
Par rapport à ces structures d’intervalles « hors-texte », préexistant à toute structure proprement musicale, il nous faut étudier les interférences de plusieurs catégories essentielles.
- Interférence du temps : comment la vitesse, la brièveté permettront de percevoir des structures des intervalles.
- Interférence du registre : comment l’agrandissement de l’intervalle premier par le déplacement de registre influe sur notre perception.
- Interférence de la densité : à quel degré la densité de la texture oblitère la perception des intervalles.
- Interférence du timbre : dans quelle mesure timbres homogènes ou timbres complexes et changeants aident ou obscurcissent la perception.
- Interférence de la hiérarchie : dans quelle mesure les échelles, notion importante dans un univers de relations simples, deviennent secondaires lorsque les relations deviennent complexes dans un autre domaine qui tend à prédominer.
- Interférence du procédé : lorsqu’une grille de hauteur est modifiée par une autre grille de procédés relative au timbre et à la hauteur, dans quelle mesure la grille première est encore reconnaissable.