Le cours s'est conclu par un bref examen de la mise en place de ces réseaux chez l'enfant au cours de l'apprentissage de la lecture. On a tout d'abord rappelé le modèle en trois étapes proposé par Uta Frith. La première étape logographique ou picturale voit la mémorisation de la forme de quelques mots, sans possibilité de généralisation. Dans la seconde étape dite phonologique, se met en place la voie de conversion graphème-phonème. Caractérisée par les effets de longueur et de complexité syllabique sur les temps de lecture, cette étape voit l'émergence de la conscience phonologique. Enfin, une troisième étape orthographique voit apparaître progressivement l'expertise pour l'orthographe d'une langue, avec une disparition progressive de l'effet de longueur et une apparition des effets morphologiques et lexicaux.
Au niveau cérébral, peu d'études ont été réalisées chez l'enfant, et leurs résultats ne sont guère stables. Toutefois, en accord avec l'émergence d'une expertise orthographique l'activation visuelle semble s'accroître avec l'apprentissage et se focaliser progressivement vers la région occipito-temporale gauche entre 6 et 10 ans. Dans les études du groupe de Yale (Shaywitz et coll.), la quantité d'activation occipito-temporale gauche augmente avec l'âge et prédit les scores de lecture. Toutefois, cette région n'est pas irremplaçable et une grande plasticité existe au cours du développement, puisqu'il a été possible à une jeune fille ayant subi une ablation occipito-temporale gauche à 4 ans d'apprendre à lire normalement en faisant appel à la région symétrique de l'hémisphère droit.