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Résumé

Il est des circonstances extraordinaires dans l'Histoire universelle. Lorsque Cambyse annexe l'Égypte, d'un seul coup, ce royaume restauré et renouvelé par les Saïtes est une puissance avérée, sa monarchie bien assise, ses temples fastueux, ses arts splendides, son économie prospère. Le choc, inouï, ne provoque pas un effondrement moral et la vieille idéologie pharaonique trouve une nouvelle jeunesse.
Des dirigeants, prêtres lettrés et hommes d'action, tel le trésorier Ptahhotep, le ministre de l'économie Hor, l'entrepreneur Khnemibrê et le célèbre médecin chef et amiral Oudjahorresné, – ceux qu'on taxe anachroniquement de « collaboration » – reconnaissent un accomplissement du monde théorique du roi -pharaon. Le grand roi est en passe d'être celui qui domine et ordonne « tout ce que le soleil entoure de sa course »
Dans l'imagerie et la rhétorique monumentales, l'union des deux terres et le triomphe de Rê et de Neith sur le chaos servent de métaphore à l'empire oecuménique créé par Darius l'Achéménide. Qu'on présume là-dessous de l'opportunisme relève de la vraisemblance élémentaire, mais cet opportunisme ne fut ni frileux ni éphémère. Cette adéquation acceptée d'un ordre cosmique imaginaire et des équilibres géopolitiques réels, quelle que soit l'ethnie de l'ordonnateur élu par le démiurge, demeura une donnée irréversible de l'Égypte païenne.