Une coproduction Collège de France – CNED
Résumé
« Ce bref échange fait partie de la légende dorée de notre discipline. Il eut lieu, il y aura soixante-dix-huit ans dans un mois, l'après-midi du dimanche 26 novembre 1922, par une de ces lumineuses journées de fin d'automne que le soleil de Thébaïde enrichit des ombres douces qu'il projette sur monuments et paysages. L'homme, inquiet et attentif, qui questionne, c’est Lord Carnarvon, le mécène, le protecteur, l'ami de l'archéologue Howard Carter. Ce dernier vient de déposer la première brique scellant l'antichambre de la tombe de Toutânkhamon. Il en a découvert l'accès trois semaines plus tôt. Au terme d'une longue quête, qui avait laissé sceptiques la plupart de ses collègues d'alors. Ce n'est que quatre jours plus tard, le 29 novembre, que l'antichambre, solennellement ouverte, révélera les trésors de la tombe. L'histoire a toutefois conservé la belle image de ce dialogue entre un homme qui espérait et un autre qui, à dire le vrai, n'avait pas dû apercevoir grand chose au milieu des gravats et à la lueur vacillante d'une mauvaise lampe à pétrole. Mais il savait qu'il avait trouvé. Ce court conciliabule, et surtout la réponse du fouilleur, participent, comme l'a écrit T.H.G. James dans le beau livre qu'il a consacré à Howard Carter. "plus qu'à l'histoire de cette découverte, à vrai dire, au mythe de la découverte". Et voilà comment un roitelet à peu près ignoré de l'Histoire est devenu l'emblème d'une discipline. C'est toujours à l'automne, un siècle avant la découverte de la tombe de Toutânkhamon et un mois, presque jour pour jour, avant ce jour qui nous réunit, le dimanche 22 septembre 1822, qu'est lithographiée la fameuse Lettre à Monsieur Dacier, Secrétaire perpétuel de l'Académie royale des inscriptions et belles-lettres, relative à l'alphabet des hiéroglyphes phonétiques. Le 14 septembre précédant vers midi, dans la belle lumière de l'ancien atelier d'Horace Vemet qui lui servait de bureau, Jean-François Champollion avait eu la confirmation de la clef de lecture des hiéroglyphes… »
Nicolas Grimal