La chute des Vandales est intimement liée aux changements de direction politique de l’avant-dernier roi d’Afrique, Hildéric, qui s’écartait des principes antérieurs d’autonomie et d’autarcie – d’un point de vue politique, religieux et culturel – pour se rapprocher de l’Empire et de l’empereur. Cette politique rencontrait une forte résistance, d’autant plus qu’Hildéric échoua contre les Maures. Le coup d’État de Gélimer entraîna en 532 apr. J.-C. l’intervention de Justinien (qui se présentait comme le protecteur d’Hildéric) et l’invasion de Bélisaire. La campagne courte mais efficace de ce dernier mit au jour les faiblesses militaires du royaume vandale, encore auréolé de la gloire de Genséric. Elle révélait également le manque d’enracinement du pouvoir vandale en Afrique, malgré cent ans de règne.
La catastrophe vandale montre, comme dans un miroir convergent, les difficultés profondes que rencontraient ailleurs les royaumes gothiques. Mais celles-ci se dessinent avec davantage de précision et de radicalité chez les Vandales. On leur dérobe leur spécificité, on pourrait même dire, leur spécificité tragique, si on en fait, au début, des troupes auxiliaires un peu subordonnées, puis des Romains « locaux », intégrés à l’empire. En réalité, après la victoire de Bélisaire et après des années d’apprentissage difficiles, c’étaient les Byzantins qui sont devenus les héritiers de l’Afrique romaine, et cela, de façon plus intense et plus durable que des Vandales.