Le caractère non-borné de nos capacités linguistiques a inspiré l'approche computationnelle au langage : la connaissance de la langue maternelle implique la maitrise implicite d'un système de procédures récursives, capables d'engendrer un ensemble potentiellement illimité de phrases. Plus qu'un demi siècle de discussion sur la nature de la récursion dans les langues naturelles a amené à la postulation d'une procédure récursive extrêmement simple, « Merge », qui combine deux objets syntaxiques en un troisième objet hiérarchiquement superordonné. L'hypothèse que Merge soit à la base de la combinatoire syntaxique implique le caractère fortement hiérarchisé des expressions linguistiques. La première parties de l'exposé est consacrée à la présentation du système de construction des structures basé sur « Merge », à l'illustration de certains effets hiérarchiques (localité sur le mouvement, phénomènes morphosyntaxiques et interprétatifs liés à la hiérarchie), et à la critique des alternatives fondées sur une organisation purement linéaire des phrases.
La deuxième partie porte sur la cartographie des structures syntaxiques. Les structures syntaxiques sont des objets complexes, en fonction du caractère récursif de « Merge » et de la richesse du lexique fonctionnel ; depuis une quinzaine d'années les études cartographiques essayent de dessiner des cartes systématiques des différentes zones de l'arbre syntaxique, dotant ainsi d'un outil nouveau les études théoriques et la comparaison syntaxique. Les études cartographiques découvrent, entre autres, des séquences fonctionnelles stables à travers les langues en différentes régions de l'arbre syntaxique. Je voudrais discuter, dans la dernière partie de l'exposé, les lignes de recherche qui tentent de donner une « explication ultérieure » aux séquences fonctionnelles, en essayant d'en ramener les propriétés aux principes fondamentaux régissant les computations linguistiques (localité, etc.).