Salle 5, Site Marcelin Berthelot
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L'autisme est un trouble neuro-développemental qui affecte 1 % de la population. Il commence avant la naissance et produit des effets cérébraux et mentaux tout au long de la vie. On le définit par le comportement. Il est détecté ordinairement dès la petite enfance. Il présente différents degrés de gravité, selon un spectre qui va de l'autisme léger à l'autisme grave. Bien que les troubles comportementaux puissent s'améliorer au cours du développement et au moyen d'une éducation et d'un soutien appropriés, les personnes autistes présentent à chaque étape de leur vie des déficiences caractéristiques de communication et d'interactions sociales. Ils sont incapables d'engager de véritables interactions réciproques et il leur est difficile de bâtir des relations et des amitiés durables. Ils ont du mal à comprendre des comportements sociaux courants – taquineries, mensonges, tentatives de persuasion ou plaisanteries. On a attribué cette situation à un déficit de la mentalisation. Des études récentes suggèrent que c'est uniquement l'aptitude spontanée à attribuer des états mentaux qui est affectée, mais non la forme explicite de mentalisation, qui implique l'attribution d'états mentaux de manière autonome. La première aptitude semble faire défaut dans l'autisme, tandis que la seconde peut être acquise. Dans les cas légers, les autistes présentent une déficience de la mentalisation spontanée, mais pas nécessairement de la mentalisation explicite.

Il y a également dans l'autisme d'autres particularités cognitives responsables d'un côté de déficiences et de l'autre de capacités cognitives supérieures. Diverses théories tentent d'expliquer cette irrégularité. L'une d'entre elles suggère qu'un mode de traitement concentrant l'attention sur les détails explique à la fois les forces et les faiblesses de la cognition dans l'autisme. Je présente quelques éléments à l'appui de cette théorie, qui a l'avantage de rendre compte des cas de talents exceptionnels que l'on trouve chez au moins 10 % et peut-être jusqu'à 30 % des autistes. Je soutiens que dans l'autisme, une constellation de trois facteurs peut favoriser le développement de talents exceptionnels :

  1. L'absence de mentalisation spontanée libère l'individu de la pensée conventionnelle et de l'usage ordinaire des compétences.
  2. L'absence d'un contrôle exécutif fort permet d'obtenir une « circulation » dans les systèmes perceptivo-moteurs inconscients.
  3. Le fait que l'attention soit concentrée sur les détails favorise une segmentation originale des entrées perceptives.

L'ensemble de ces facteurs peut expliquer le développement de talents particuliers dans des domaines aussi divers que la capacité à maîtriser les calendriers, les talents d'interprétation musicale et de production artistique.