Le cours que j’ai proposé prolonge, d’une certaine manière, l’esprit et les intentions qui animaient le cours de l’année dernière, « Comment hériter, comment léguer ».
Si je suggère l’« éloge de la description » – effort et pari difficile pour quelqu’un qui aime surtout l’ellipse et la concision –, c’est parce que nous ne savons plus hériter du fait que nous n’avons plus les mots pour décrire, pour savoir reconnaître ce qui nous a été conféré. Renversant le principe pascalien, nous aimons plus la prise que la chasse, parce que tout ce qui est préparation, attente, tout le préalable à une action est éliminé par la hâte de la saisie.
Nous arrivons vite à nous emparer de quelque chose parce que nous ne savons plus approcher l’objet par la parole, le décrire par les mots, l’esquisser, le dépeindre. L’« éloge de la description » sera donc, aussi, l’éloge de la retenue, de la parole adéquate, de la perspective, de la mesure, de l’approche attentionnée d’un objet, d’une personne, de tout ce qui est au-delà de notre corps.