L’arbre de sagesse est en nous : cet emblème qui clôt le recueil de Guillaume de la Perrière manifeste et résume l’histoire de la proximité de l’homme et de l’arbre : « cur cordis medio radix ? ». Et nous en reproduisons les lois autour de nous pour retrouver l’ordre oublié de la Nature, comme Ulisse Aldrovandi l’écrit dans ses livres de la Dendrologia : « Leges Hortenses, sive Pomariorum Statuta pro Armonia delitiarum animi et corporis. »
Nous avons souhaité, dans ce cours, dépasser l’idée d’une « archéologie » pour accéder aux « paradigmes pour une métaphorologie » proposés par Hans Blumenberg : il s’agirait de repérer quelques « métaphores absolues » capables de mieux articuler et enrichir le dialogue entre imagination et logos. Les métaphores réunissent et synthétisent un savoir, elles n’en sont point une digression ni une parure ; les formes du langage que nous abordons ne constituent pas une diversion, mais la quête d’un centre et d’une origine. Il s’agit en effet de prendre en charge – comme Blumenberg l’a fait – les limites du principe cartésien de « clarté et de distinction » :
« À cet idéal d’une objectivation intégrale correspondrait le parfait achèvement de la terminologie, qui capte la présence et la précision du donné dans des concepts définis. »
Or nous voyons constamment qu’il n’y a ni dans l’expérience ni dans les aléas des découvertes scientifiques les plus poussées une « congruence parfaite du logos et du cosmos » et qu’une analyse véritable des « représentations » de la condition humaine « doit avoir pour objectif d’identifier “l’embarras” logique auquel la métaphore se substitue ». Ce “travail d’adéquation” fait par les « métaphores absolues » ne sera pas ici étudié au niveau cosmologique illustré par Blumenberg, mais plutôt interrogé en relation à l’une des plus évidentes apories anthropologiques.