Le cours de cette année reste consacré à l'étude de ce que nous avons appelé « La question de Palestine » et s'inscrit dans la continuité de celui de l'an dernier. En juin 2007 est paru chez Fayard le tome 3 (L'accomplissement des prophéties, consacré à la période 1947-1967) de notre travail de synthèse consacré à cette question, commencé avec L'invention de la Terre sainte, 1799-1922 (tome 1, Fayard, 1999) et poursuivi avec Une mission sacrée de civilisation, 1922-1947 (tome 2, Fayard, 2002).
Cette année, nous nous intéresserons tout particulièrement à la période 1967-1970, moment charnière au cours duquel se dessinent des évolutions déterminantes. La guerre éclair de juin 1967, déclenchée par Israël après la fermeture par les Égyptiens du détroit de Tiran, sur la mer Rouge, a de très fortes répercussions : les armées égyptiennes, syriennes et jordaniennes ont été complètement broyées et les régimes arabes directement impliqués dans la confrontation avec Israël profondément ébranlés, tandis que le nombre des réfugiés palestiniens dans les pays avoisinant augmente considérablement ; en prenant le contrôle de Gaza et de la Cisjordanie, du Golan et du Sinaï, Israël a plus que doublé la superficie de son territoire, gagne une profondeur stratégique et des réserves en eau qui lui sont extrêmement précieuses, mais se retrouve confronté à la nécessité d'administrer les populations arabes restées dans ces territoires désormais dit occupés.
Face au risque de déstabilisation de tout le Moyen-Orient, le Conseil de sécurité des Nations-Unies vote le 22 novembre 1967 sa résolution 242. Le texte de celle-ci est un habile compromis : le principe du retrait des territoires occupés est mis sur le même plan que celui du droit de vivre en paix à l'intérieur de frontières sûres et reconnues ; la liberté de navigation se trouve placée à côté du juste règlement du problème des réfugiés ; la nomination d'un médiateur de l'ONU est à mi-chemin entre les deux positions extrêmes annoncées officiellement, le refus de négocier et l'exigence de rapports strictement bilatéraux. Mais la mission de Jarring, le médiateur de l'ONU au Moyen-Orient, se conclut en 1968 par un échec. Sur le plan politique, à la confiance à laquelle s'abandonne la société israélienne sous le gouvernement de Golda Meir s'oppose le renforcement et le durcissement de l'OLP, qui structure désormais la société palestinienne politiquement et socialement et opère un tournant stratégique en optant pour la lutte révolutionnaire armée, au risque de déstabiliser gravement les États arabes les plus faibles, comme la Jordanie et le Liban, où l'implantation des fedayins est solide. Sur le plan militaire, après que Nasser eut engagé dès la fin du mois de juin 1967 l'Égypte dans une alliance tactique de grande ampleur avec l'URSS, le conflit israélo-arabe reprend sous forme larvée avec le déclenchement de la guerre d'usure contre les positions israéliennes le long du canal de Suez, ainsi qu'avec la multiplication des infiltrations de commandos palestiniens dans la vallée du Jourdain, à partir de bases arrières situées en Jordanie où ils agissent dans une quasi-impunité. C'est également au cours de cette période, entre 1967 et 1970, que l'implication de l'URSS dans le conflit israélo-arabe atteint son paroxysme, avec un engagement militaire direct aux côtés de l'Égypte et de la Syrie. Inquiet de cette situation, Nixon, dès le début de son mandat présidentiel en janvier 1969, et malgré l'opposition de son conseiller et chef du Conseil national de sécurité Kissinger, réoriente la politique américaine au Proche-Orient et charge son secrétaire d'état William Rogers de mener des négociations avec les Soviétiques, mandatés par Nasser, afin de définir les conditions d'un règlement de paix.
À la fin de 1970, alors que l'armée égyptienne positionnée le long du canal de Suez s'est, grâce à l'aide soviétique, considérablement renforcée, au point de pouvoir envisager repasser à l'offensive, deux évènements majeurs contribuent à bouleverser la donne en profondeur dans les pays riverains : en septembre, le jeune roi Hussein de Jordanie lance une formidable offensive contre les forces armées de l'OLP et parvient à les expulser de son pays, qu'il dirige désormais d'une main ferme ; puis, à la fin de ce mois de septembre que les Palestiniens qualifient désormais de noir, Nasser, fortement impliqué dans les négociations de l'accord du Caire de cessez le feu dans ce combat fratricide, est frappé d'un malaise et décède, laissant le pouvoir en Égypte aux mains de son vice-président, Anouar Al-Sadate.