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Le cours sur la production du savoir, dont la première partie a été donnée en 2015, partait d’un argument théorique et d’un constat. Sur le plan théorique, il est fécond de distinguer des activités dont l’exercice est assorti de chances structurellement incertaines de réussite, en raison de leur teneur en inventivité et en créativité, et des activités dont les chances de réalisation normale sont suffisamment certaines. Nous appliquons ce cadre d’analyse au monde du travail scientifique et universitaire en recourant à un principe général d’analyse qui s’énonce ainsi : le travail de recherche et d’invention ne serait pas viable si les métiers dans lesquels il est exercé n’étaient pas organisés pour absorber une partie des risques d’échec.

Le second constat est factuel. L’analyse des carrières, de l’emploi, des rémunérations et des organisations de l’enseignement supérieur est beaucoup plus développée dans le monde anglo-américain qu’en Europe. Les réformes européennes ont changé la donne. Elles provoquent une différenciation du tissu universitaire, et elles rendent plus visible et plus intense la compétition intra- et internationale. Les transformations qu’elles déclenchent remodèlent les carrières académiques de manière sélective, notamment en raison de l’inégale exposition des diverses disciplines scientifiques et des diverses générations d’enseignants-chercheurs à la compétition internationale par la recherche. À côté d’une structuration des carrières en marché interne, les concurrences et les mobilités modifient l’architecture des organisations, l’allocation des tâches d’enseignement et de recherche, les principes d’évaluation de l’activité des individus et des équipes, les mécanismes d’incitation à la productivité scientifique et les niveaux de rémunération.

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