L’authenticité constitue un enjeu essentiel pour les religions et se pose avec une acuité particulière pour celles où un écrit tient une place centrale – et l’islam est de leur nombre, en dépit de son insistance à valoriser l’oralité. Se trouvent ainsi posées à la fois les questions de l’origine du message et de la fidélité scrupuleuse à celui-ci. Les religions émergentes font face à de nombreux défis, comme le rappelle Reuven Firestone, en s’inspirant des thèses de Rodney Stark :
[…] pour qu’une nouvelle religion réussisse, […] elle doit conserver une continuité culturelle avec les systèmes religieux des sociétés dans lesquelles elle se développe, tout en […] maintenant un certain niveau de tension avec son environnement [1].
Elle doit aussi démontrer son authenticité
[…] en incorporant des realia identifiables de religions antérieures […] par une identification avec une religion authentique tout en attirant en même temps des adeptes en établissant son caractère unique [2].
Le texte du Coran est l’objet de la part des musulmans d’un respect très profond qui tient au statut même de la parole coranique, ipsissima verba de Dieu comme l’affirme al-A‘zami :
That the ‘Uthmani Muṣḥaf contains the unadulterated Words of Allāh as sectionned into 114 surahs, is the firm belief of the Muslim umma ; anyone eschewing this view is an outcast [3].