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Durant le cycle de cours inauguré en 2008-2009 et intitulé « Confucius revisité : textes anciens, nouveaux discours », dont le point de départ a été le phénomène du « retour de Confucius » que l’on observe actuellement en Chine continentale et qui prend désormais une dimension globalisée, nous nous sommes employés à retracer les deux premières phases de mondialisation de Confucius (la phase européenne au temps des Lumières, puis la phase américaine au siècle dernier). Ce long travail généalogique nous a permis, non seulement d’ouvrir largement la perspective historique dans la longue durée, mais aussi de prendre conscience des lunettes avec lesquelles nous avons désormais l’habitude de lire le Lunyu dont le titre est conventionnellement traduit par Les Entretiens de Confucius. Dans le cours de l’année dernière, nous avons poussé un peu plus loin en nous efforçant de reconsidérer ce texte sans les lunettes de la tradition canonique ou des interprétations philosophiques, effort déconstructionniste qui, on l’a vu, s’est lui aussi largement mondialisé et qui a eu pour effet de faire apparaître un tout autre texte dont on finit même par mettre en question le rapport avec Confucius.

Ce travail de déconstruction textuelle, mené principalement par des historiens et des philologues d’aires culturelles anglophones, a contribué à jeter le doute sur trois présupposés majeurs de la vulgate la plus répandue. Tout d’abord, à la différence de ce qui a souvent été dit, le Lunyu serait loin d’être la seule source réputée authentique sur l’enseignement de Maître Kong (connu en Europe sous le nom latinisé de Confucius depuis la médiation jésuite au XVIIe siècle). Il n’est, au demeurant, pas certain que les propos rapportés au discours direct et introduits par la formule canonique « Le Maître dit » (Zi yue 子曰) lui soient nécessairement attribuables. En conséquence, contrairement à une idée colportée depuis deux millénaires, le Lunyu n’a peut-être pas été conçu à l’origine comme un recueil de dialogues ou d’ « entretiens » entre Maître Kong et ses disciples. Enfin, il est devenu impossible d’affirmer qu’un tel recueil est le résultat d’une transmission directe et continue par des lignées de disciples. En somme, ce qui se trouve ici démonté pièce par pièce n’est rien moins que l’unité, la cohérence et la continuité d’un texte pourtant considéré par toute la tradition chinoise comme fondateur. Nous avons là un travail qui s’apparente à celui des exégètes critiques des textes bibliques, notamment des Évangiles. Or, c’est bien par référence au célèbre ressuscité dénommé Jésus Christ que s’est imposé l’intitulé du cours de cette année : « Confucius ressuscité ? », en insistant sur le point d’interrogation et sur les quelques hypothèses auxquelles il faut bien se limiter, au stade où en est le « chantier Confucius » aujourd’hui.

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