Dans le cadre d'un cycle de quatre conférences, deux œuvres littéraires de l'Age du Bronze Récent sont abordées: les épopées royales d'Ougarit qui sont devenues célèbres sous les noms de leurs protagonistes respectifs, Kirta et Aqhatou. La compréhension approfondie que je propose de ces deux œuvres est facilitée par la sélection de certains passages qui se prêtent plus particulièrement à une (ré-)interprétation dans les contextes de la royauté, de la littérature et de la religion ainsi que ceux de l'archéologie et de l'art d'Ougarit.
Lors des fouilles menées sur l'acropole de la ville de Ras Shamra/Ougarit, les archéologues ont dégagé dans la pièce 7 de la maison dite « du Grand Prêtre » un lot de plusieurs tablettes en argile comportant, entre autres, les épopées de Kirta et d'Aqhatou.
La première de celles-ci raconte le destin du roi Kirta de Bit Khoubour. Il est important de noter que Kirta n'était pas un roi d'Ougarit, quoique l'action de cette épopée semble se dérouler à Ougarit et dans ses environs. En outre, toutes les divinités qu'elle mentionne sont les dieux et les déesses d'Ougarit qui sont bien connus par les listes divines et les textes rituels mis au jour à Ougarit.
On apprend que le roi Kirta avait perdu sa femme et ses sept enfants. Dans une telle situation de deuil Kirta avait besoin du secours des dieux pour assurer la survie de sa dynastie et pour garantir son propre culte des ancêtres. Le dieu suprême du panthéon d'Ougarit, le dieu El, lui promit dans un rêve une femme et des enfants, avant tout un fils héritier. Pour ce faire, Kirta devait sortir victorieux une campagne pour obtenir une femme, Hurriya, dont il aurait plusieurs enfants et parmi eux un fils héritier.