Conférencier invité

Les déviances religieuses – concepts romains et modernes

du au
Voir aussi :

Qu’est-ce qu’une « déviation religieuse » ? Ce sont les actes qui sont supposés enfreindre une norme généralement valable pour une partie d’une société historique. Mais peut-on reconstituer un discours uniforme sur les limites du comportement religieux acceptable ? En fait, nous avons à notre disposition des textes normatifs de caractères très différents. L’inclusion de la religion dans le système du droit est un processus très important qui se développe jusqu’aux normes accumulées dans le livre 16 du Code théodosien aux IVe et Ve siècles. Dans les descriptions anciennes des pratiques religieuses, la déviance n’est mentionnée qu’occasionnellement. Les descriptions historiques ont un caractère typiquement anecdotique et elles se concentrent sur quelques cas individuels. À côté de cela, on trouve quelques textes satiriques ou philosophiques sociocritiques, par exemple sur « la superstition ».

Dans la lignée de la recherche sociologique et criminologique sur la déviance, il faut s’interroger sur la normalisation et sur la construction de la déviation. Un premier pas est fait avec les textes normatifs de la république romaine, les fragments juridiques antiques comme les deux grandes sommes que sont les Antiquités divines de Varron et les Lois de Cicéron. Dans ces textes, nous avons examiné du point de vue sémantique et sous l’angle du comportement qualifié de déviant les déclarations explicites sur et les allusions implicites à la déviance religieuse. De façon surprenante, les textes normatifs de la république romaine tardive ne parlent pas des marges de la religion romaine. D’autres religions existent – à l’extérieur, suivant Varron. Cicéron vise l’universalisation – ses textes accompagnent la formation d’un empire mondial.

Ensuite, l’analyse s’est concentrée sur les œuvres de Sénèque et de Plutarque (Ier siècle ap. J.-C.), qui considèrent la « superstition » comme une activité potentiellement dangereuse pour la religion. Mais les voix de ces deux intellectuels ne sont pas les seules voix qui se font entendre. D’autres développent une vision plus positive. Héron d’Alexandrie décrit ainsi une série d’instruments et de mécanismes destinés à créer dans le temple une confrontation émotionnelle avec le dieu. L’expérience religieuse est ici un élément essentiel de la religion vivante.